Accessibilité numérique : Quand les lecteurs d’écrans nous ouvrent les yeux
Le 16 octobre dernier, dans le cadre d’une série de cours UX L'expérience utilisateur (UX) désigne la qualité de l'interaction d'un utilisateur avec un produit ou service, en termes de satisfaction, facilité d'utilisation et efficacité. donné par l’agence Polux au sein de l’ECAM Louis de Broglie, Esméralda et Alexandre ont assisté à un cours sur l’ accessibilité L'accessibilité numérique garantit que les sites et applications sont utilisables par tous, y compris les personnes handicapées, via des pratiques comme l'utilisation de texte alternatif et la navigation au clavier. numérique : la navigation web à travers un lecteur d’écran. François Le Berre, co-président de l’association MyHumanKit, nous a donc fait une démonstration de la manière dont il navigue sur le web grâce aux lecteurs d’écran NVDA et VoiceOver.
Objectif : faire découvrir aux étudiants en développement web (et donc de futures personnes responsables de l’inclusion ou de l’exclusion de millions d’utilisateurs) comment une personne malvoyante surfe sur le web.
L’accessibilité numérique : un HTML bien pensé pour une bonne sémantique.
Un site web sans régions, c’est comme une carte sans routes.
Pour illustrer les difficultés rencontrées au quotidien par les personnes malvoyantes, François nous a fait tester le site web de la mairie d’une commune d’Ille-et-Vilaine totalement dépourvu de structure sémantique La sémantique web concerne l'utilisation de balises et de structures HTML appropriées pour donner un sens clair et compréhensible au contenu, facilitant ainsi son interprétation par les moteurs de recherche et les utilisateurs. , avec une accessibilité numérique proche du néant. François cherchait à naviguer entre les différentes zones du sites, les « régions » afin de trouver un numéro de téléphone. NVDA lui répond de sa voix robotique :
Aucune région suivante.
Pas de <header>, <nav>, <main>, <footer>, aucune région permettant la navigation rapide au clavier. Résultat : des difficultés pour se repérer dans le site. Là où un utilisateur voyant scrolle et trouve une info en quelques secondes, un utilisateur de lecteur d’écran doit écouter, deviner, tenter, revenir en arrière. Un simple numéro de téléphone devient donc une chasse au trésor auditive.
L’importance de la hiérarchie des titres, pour les yeux et les oreilles.
Sur ce même site, sur la page d’accueil il y en tout 3 titres : un <h5> suivi d’un <h4> et d’une <h5>. Pas vraiment de listes, de sections où d’autres balisent structurante. Visuellement : ça passe. Auditivement : c’était un enfer.
Les niveaux de titres ( <h1>, <h2>, <h3>, etc.) ne servent pas uniquement à “faire joli” ou à agrandir du texte. Ils structurent l’information. Pour une personne utilisant un lecteur d’écran, cette hiérarchie est indispensable. Elle permet de naviguer dans une page comme on le ferait visuellement avec des repères : un titre principal pour comprendre le sujet, puis des sous-titres pour accéder rapidement à chaque section.
Sans hiérarchie, tout devient un bloc sonore indistinct. Avec une hiérarchie correcte, l’utilisateur peut “scanner” la page, sauter d’un titre à l’autre, et trouver l’information qu’il cherche en quelques secondes.
Quand tous les boutons deviennent… “bouton”
François nous également présentée une application d’un site web connu dédiée à la vulgarisation scientifique dont les 3 premiers boutons vocalisaient… « bouton » « bouton » « bouton ».
PDF = “Pire Des Formats” ?
L’accessibilité n’est pas qu’une affaire de site web et d’application. Pour François, PDF signifie littéralement Pire Des Formats. Pourquoi ? Parce que la majorité des PDF ne sont absolument pas accessibles : pas de texte structuré, pas de titre, pas d’ordre de lecture… et cela quand l’intégralité du texte n’est pas composé d’une seule image jpg ou pire… d’un texte écrit de manière manuscrite, scanner en jpg puis converti en PDF.
L’IA peut-elle faciliter l’accessibilité numérique pour la recherche web ?
Nous avons questionné François sur son usage des IA et de ChatGPT. A première vue, avec son champ de recherche unique, l’IA pourrait faciliter le quotidien de ces utilisateurs noyés dans des sites webs complexes.
“Alors, à l’avenir ça pourrait en effet, mais pour l’instant, non.
De toute façon l’interface de ChatGPT n’est pas accessible.”
Aujourd’hui, beaucoup de sites internet constatent une baisse d’audience, parfois brutale, face à l’essor des intelligences artificielles qui deviennent de nouveaux points d’entrée vers l’information. Dans ce contexte, on pourrait croire que le web perd de son importance. Mais en réalité, il est surtout en train d’entrer dans une nouvelle phase.
La web performance, l’éco-conception et l’accessibilité sont désormais des leviers essentiels mais encore trop souvent négligés. Pourtant, ils conditionnent non seulement l’expérience humaine, mais aussi la capacité des outils automatisés (dont les IA) à comprendre, indexer et restituer le contenu.
Alors, une question se pose : à quoi ressemblera le site web de demain ?
Peut-être qu’il ne sera plus une “usine à animations” ou un carrousel marketing sapin de noël, ni une avalanche de publicités plus intrusives les unes que les autres. Peut-être qu’il redeviendra un espace d’information clair, structuré, compréhensible par toutes et tous. Humains comme machines retrouveront donc un contenu accessible, simple, rapide, compréhensible… et donc durable.
Dans un monde où la navigation pourrait de plus en plus passer par les IA plutôt que par l’utilisateur lui-même, les sites web les mieux compris seront ceux qui respecteront les fondamentaux : HTML Le HTML (HyperText Markup Language) est le langage standard utilisé pour structurer et afficher le contenu sur le web. Il définit des éléments comme les titres, paragraphes, liens, images, et autres composants d'une page web. propre, performance, accessibilité, sobriété.
Autrement dit : le futur du web pourrait bien être… un retour aux essentiels.